Alors que de plus en plus d’entreprises mènent des actions pour améliorer leur impact et communiquent dessus, on peut se demander ce qu’en retiennent les citoyens-consommateurs. En partenariat avec Trusteam, et grâce à l’économiste Philippe Moati, l’Obsoco a réalisé une étude pour mieux comprendre la perception de l’engagement des entreprises, dont la première vague de résultats a été publiée en septembre 2021. Les résultats de ce sondage inédit reflète un manque d’investissement concernant les entreprises, sur les grands enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux de notre époque. Autre constat, les Français établissent désormais clairement un lien entre la crise écologique et nos modes de vie et de consommation et semblent de plus en plus disposés à s’engager pour une consommation dite « responsable ». Et ils en attendent au moins de même des entreprises. Décryptage.
Depuis plusieurs années déjà avant la crise sanitaire, la prise de conscience des Français sur la situation environnementale et la nécessité d’agir n’a cessé de croître. 78% en 2021 contre 83% en 2020.
Et c’est parmi les 18-24 ans que l’on trouve la plus forte proportion de personnes « très préoccupées » (34 %).
Pour une grande partie des sondés, cela implique une volonté d’intégrer ce critère dans ses choix en matière de consommation : 62 % déclarent que le respect de l’environnement constitue un critère d’achat « très » ou «assez » important. Cependant, seuls 45 % accepteraient de payer plus cher pour cela.
Plus généralement, les Français se montrent critiques à l’égard du capitalisme.
Selon eux :
L’intensité de la posture critique à l’égard du capitalisme varie peu selon la catégorie sociodémographique. Sans surprise, elle est plus prégnante parmi les personnes éprouvant des difficultés financières que chez celles qui vivent confortablement.
Bien que familiers avec les labels, les Français connaissent mal le vocabulaire autour de l’engagement des entreprises
Seules 17 % des personnes interrogées affirment savoir ce que signifie le sigle RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Concernant le sigle ISR (Investissement Socialement Responsable), le bilan est pire encore : seulement 14 % des répondants possédant au moins un produit d’épargne en connaissent la signification.
En revanche, les Français semblent davantage familiarisés avec les labels accolés aux produits de consommation. C’est le label AB (agriculture biologique) qui bénéficie de la plus forte notoriété avec 56 % des répondants qui connaissent « tout à fait » sa signification.
Les Français placent les grandes entreprises en deuxième position des acteurs auxquels incombe la responsabilité de résoudre les différents problèmes, loin derrière l’Etat, mais bien avant les consommateurs.
Cependant, ils sont peu nombreux à accepter de payer plus cher des produits vendus par des entreprises engagées. Le prix reste le critère le plus déterminant :
Seuls 14 % des Français considèrent les entreprises assez impliquées dans la prise en compte de la crise écologique, alors que 70 % estiment qu’elles ne le sont pas assez (voire “pas du tout” pour 23% d’entre eux). Concernant les questions sociales et sociétales, le constat ne diffère pas.
La moitié de l’échantillon a été interrogée sur les « grandes entreprises », et l’autre moitié sur les « petites et moyennes entreprises », concernant 15 domaines :
Ces notes gravitant autour de la moyenne s’expliquent sans doute par le manque de connaissance des Français concernant l’engagement des entreprises ; preuve en est le manque de notoriété des sigles (RSE et ISR) et des labels.
Le bilan est donc sévère !
A ce sujet, les Français émettent des réserves :
Il a été demandé aux répondants de désigner les champs d’action qui leur paraissaient prioritaires parmi 15 propositions. Les réponses sont très volatiles ce qui traduit le fait que les entreprises sont attendues sur tous les champs d’action. Trois champs d’action se révèlent cependant prioritaires :
À l’inverse, les champs d’action les moins essentiels pour les sondés sont :
En conclusion, les résultats de cette enquête se révèlent riches d’enseignements sur les attentes des Français et permettront d’alimenter la réflexion de ceux qui souhaiteraient réconcilier les entreprises et les grands enjeux de notre époque.